lundi 30 mars 2009

Entretien du 13 décembre 1980 (A la Source de la Conscience)

Maharaj : L’Absolu est unicité – en lui-même intrinsèquement Un – mais il s’exprime de multiples façons et sous de multiples formes. En tant qu’Absolu je n’ai aucune expérience de moi-même. La dévotion sans aucun « autre » est la dévotion envers le Soi, là où n’existe pas de dualité. Quand la dualité apparaît, la dévotion se divise en sujet et objet, maître et disciple. Avant la naissance nous n’avions aucune conscience de nous-mêmes. Quand un élément étranger, la naissance, survient alors nous devenons conscient.

Comprendre cela est l’éveil et pour atteindre cet éveil il n’existe aucune voie, chemin ou technique. C’est tellement subtil que j’aimerais en parler plus longuement mais il m’est physiquement impossible d’aller au-delà de quelques phrases.

Ce dont je parle librement, les autres ne parleront pas. Le degré de réceptivité de chacun dépend de leur propre chance. Comprenez bien aussi que ce que vous m’entendez dire, vous ne pouvez pas l’utiliser. Ce que vous entendez ici fera spontanément ce qu’il a envie de faire

Visiteur : Etre assis et écouter Maharaj est une telle joie ! Bien que cela me semble se passer dans la dualité, je suis atteint à un niveau très profond.

M : Tant que ce sentiment de dualité subsiste, ce que vous entendez ne peut atteindre son but.

Comprenez ce que je vous dis : la conscience s’éveille spontanément. Une fois conscient de moi-même je sais que j’existe et j’aime cette existence. Je ne veux pas que cette êtreté me quitte et c’est pourquoi tout le jour, jusqu’à l’épuisement, je travaille dur pour que cet amour de l’existence soit satisfait.

Ensuite le Guru me révèle le véritable état des choses, il me dit que cette conscience tellement aimée n’est qu’une illusion. Il m’explique ce qu’est la cause de toutes mes souffrances et mes déceptions, il m’apprend que mon état véritable se trouve avant l’apparition de cette conscience, c’est à dire les concepts – et chaque nom donné est un concept.

Comprenez complètement cela, intuitivement, au-delà des mots. Mais comprenez aussi que cette compréhension vous ne pourrez pas vous en servir. Cela ne pourra avoir lieu qu’au niveau de la conscience et la conscience est illusion !

Lorsque dans un certain temps les bases de cette compréhension s’élargiront, que les gens commenceront à se demander ce que ce monde signifie, les paroles enregistrées ici et retranscrites deviendront d’une importance inimaginable. A ce moment là, quand tout ceci sera exposé sur une vaste échelle, on sera émerveillé… Ces mots sont peu de choses, mais ceux qui seront fiers de leurs accomplissement verront, en écoutant ce petit nombre de mots, tout leur savoir et toutes leurs certitudes s’évaporer si brusquement qu’ils en resteront stupéfaits !

V : Je ne comprends pas la manière dont le terme conscience est utilisé ici. Je croyais que la conscience était présence au Tout, l’Ultime réalité !

M : Nous parlons de la conscience dépendant du corps-nourriture, conscience qui est née, qui est liée au temps. Ce qui est antérieur à cette conscience est l’Absolu. Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l’Absolu. Nous sommes uniquement cette conscience.

Vous venez ici et je vous parle, mais que vous demeuriez ou que vous partiez n’a aucune importance pour moi. Cela ne me concerne pas, je demeure dans une totale indépendance. Totale indépendance signifie simplement apprendre et comprendre. Ma dépendance apparente est au niveau de cette conscience disant « Je suis ». C’est cette sensibilité qui me permet de vous percevoir. Avant je n’avais pas ce concept, j’existais pourtant, j’étais là avant l’apparition de ce concept.

Ce que vous souhaitez, désirez ou adorez, quoi que cela puisse être, ne peut être que concept. Avez-vous bien compris ce qu’est l’existence conceptuelle et ce qu’est l’existence antérieure à la conscience ?

Beaucoup sont venus ici pour des raisons purement spirituelles et ont professé un grand amour pour moi. En conséquence des choses heureuses leur sont arrivées. Ils prospèrent et au sein de leur réussite ils n’ont plus le temps de venir ici. Tout cet amour du début, où est-il ?

Nous sommes dans la principauté de Maya. Quelqu’un vient ici animé des intentions les plus sincères de recherche spirituelle, et puis Maya  lui tend un petit bout de tentation et il fonce droit devant !

Cette Maya n’opère pas toute seule, nous sommes associés. Aura-t-il l’audace de divorcer de Maya ? Non, il acceptera cette Maya et ses images de désirs . Cet ego – c’est à dire « Je suis ceci et cela » – , il est très difficile de s’en débarrasser, mais l’ego ne peut pas atteindre celui qui comprend réellement ce que je dis.

Tant que les concepts se prolongent, vous continuez à venir ici, dès que vous allez au-delà des concepts, vous n’avez plus besoin de revenir !

Depuis quand, pour quelle raison et jusqu’à quand existe ce que vous croyez être ?… Pensez à la réponse ! 

 

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

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